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Demain, quel carbone pour le transport ?

Après avoir éradiqué le carbone fossile, il nous faudra trouver de nouvelles sources de carbone, renouvelables, estime Marc Fontecave, titulaire de la chaire Chimie des processus biologiques. Mais les difficultés de passer de carburants fossiles à des carburants bas carbone sont considérables.

[Cette tribune est parue dans l’édition du 03 novembre du quotidien Les Echos. Le texte intégral est à retrouver sur leur site internet. Cette parution est le fruit d’un partenariat entre le Collège de France et le groupe Les Echos autour de l’événement « Demain, les transports »]

L’objectif zéro-émissions de CO2 en 2050 conduit à penser que les sociétés humaines pourraient se développer sans carbone. Ce faisant, on oublie que celui-ci restera omniprésent dans notre environnement le plus quotidien, pour le bien de l’humanité, sous la forme d’une infinité d’usages : pour se loger, se déplacer, se vêtir, se soigner. Un jour, après avoir éradiqué le carbone fossile, il nous faudra donc trouver de nouvelles sources de carbone, évidemment renouvelables, pour assurer ces usages. Discutons ici du transport, un secteur à défossiliser en priorité car il est en France le premier émetteur de CO2 (38% des émissions). Il continuera à nécessiter des carburants liquides ou gazeux, substituts au pétrole et au gaz naturel, pour alimenter les moteurs thermiques, sachant qu’en 2050 les 35 millions de véhicules en France ne seront que partiellement électriques (batteries et hydrogène) et qu’il en sera de même pour les avions et les bateaux.

La première source alternative est la biomasse. Grâce à des procédés thermochimiques et biologiques, on peut transformer des ressources végétales ou des déchets végétaux en éthanol. De même, des plantes riches en lipides ainsi que des huiles issues du recyclage peuvent être transformées en diesels ou kérosènes. Le biogaz, issu de la méthanisation de la biomasse agricole et des déchets industriels, peut être converti en carburants liquides ou utilisé directement comme carburant. Malheureusement le coût de ces biocarburants est très élevé (aujourd’hui 4 à 5 fois plus chers que les carburants fossiles) et les ressources sont insuffisantes. Un rapport de la Cour des Comptes, en 2021, a relevé les impacts négatifs de cette filière sur l’environnement, le prix des denrées alimentaires, l’utilisation de la surface agricole utile (SAU) et le niveau de la dépense publique, pour un bilan carbone au final peu favorable. Les biocarburants actuels représentent en énergie 7% de l’énergie consommée en France pour les transports et environ 3% de la SAU. On voudrait se déplacer uniquement avec des biocarburants, il faudrait utiliser 45% de la SAU totale. Et même si la moitié des véhicules étaient électriques en 2050 il faudrait, pour alimenter les véhicules thermiques, consacrer 25 % de nos terres à la production de biocarburants, ce qui est inenvisageable.

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