Avenir Commun Durable, fidèle à sa mission d’origine, soutient le Collège de France dans ses activités de recherche. En 2023, suite à un appel à projets suivi, l’initiative a décidé de soutenir deux projets ambitieux. L’un deux, intitulé Les politiques de l’eau au Proche-Orient, de Sumer à nos jours, sera financé à hauteur de 300.000 euros.
Au Proche-Orient, l’eau est et a toujours été un élément fondamental du développement des sociétés humaines. Or les études sur les civilisations du passé et celles portant sur l’époque contemporaine se complètent et peuvent se nourrir les unes les autres : elles permettent en outre de mieux cerner les scénarios à venir et les enjeux qui y sont liés.
Les études environnementales prenant en compte à la fois l’interdisciplinarité et la diachronie sont rares en général et tout particulièrement au Proche et Moyen-Orient. Le projet intitulé Les politiques de l’eau au Proche-Orient, de Sumer à nos jours, qui se développera sur trois ans, à partir de l’automne 2023, est fondé sur des approches pluridisciplinaires, associant l’histoire, l’archéologie, l’épigraphie, l’iconographie, la géographie, la climatologie, la sédimentologie. Il a pour ambition de s’intéresser à une vaste aire géographique, de la côte orientale de la Méditerranée à la basse Mésopotamie et de s’ouvrir à une séquence chronologique volontairement très large, des premières installations sédentaires à nos jours.
Trois équipes du Collège de France sont impliquées – l’UMR 7192 « Proche-Orient‑Caucase : langues, archéologie, cultures » ; la chaire « Civilisation mésopotamienne » ; la chaire « Histoire contemporaine du monde arabe » – ainsi que des chercheurs rattachés à des équipes extérieures au Collègue de France (UMR 5133 Archéorient ; UMR 8068 Temps).
Le projet s’organise en quatre volets. Deux volets s’appuient sur les recherches développées dans le cadre de deux missions archéologiques émargeant à la Commission consultative des recherches archéologiques à l’étranger du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Ce sont deux missions historiques de l’archéologie française au Proche-Orient, implantées dans deux environnements très différents : la mission de Larsa-‘Oueili dans la plaine alluviale de la basse Mésopotamie (Irak), dont les travaux permettent de mettre en évidence que le développement des premières sociétés urbaines en milieu aride a reposé sur des systèmes hydrauliques ; et la mission archéologique syro-française de Ras Shamra – Ougarit sur la côte méditerranéenne du Levant nord, dont les travaux ont révélé les modalités mises en œuvre pour la gestion de l’eau dans une capitale méditerranéenne il y a environ 3300 ans et apportent, par ailleurs, matière à réflexion pour aborder les questions d’aridité climatique ou encore de déforestation dans cette région sur le temps long. Le troisième volet questionnera les conséquences environnementales et patrimoniales d’un nouveau barrage en cours de construction sur le Tigre, au nord de Makhul, dont la mise en eau menace plusieurs sites archéologiques majeurs du nord de l’Irak. Enfin, plus globalement, le quatrième volet abordera les questions d’hydropolitique dans le Proche-Orient contemporain.
Les recherches pluridisciplinaires, auxquelles sont associées des actions de formation, des opérations de valorisation et de diffusion, seront conduites en France et au Proche-Orient, et de s’ouvriront à une dimension patrimoniale. Un contrat doctoral et trois contrats post-doctoraux seront intégrés à ce projet. Parmi les opérations de valorisation qui prendront place au Collège de France, deux colloques internationaux sont prévus à l’horizon 2025 et 2026.
Le programme de recherche Avenir Commun Durable cherche à encourager des projets de recherche ambitieux et toutes les initiatives en lien avec la recherche et/ou la diffusion des savoirs (achat d’équipement, organisation de colloques, etc.) portant sur tous les enjeux liés au changement climatique, sur la compréhension scientifique des raisons et des conséquences de ce phénomène et l’identification de trajectoires possibles pour la construction d’une société bas-carbone. Il a également à cœur de promouvoir le dialogue entre les disciplines.
Le champ de l’appel à demandes de financement couvre une vaste gamme de disciplines. Il est ouvert aux chercheurs travaillant dans le domaine des sciences humaines et sociales, des sciences biologiques et de la santé, des sciences physiques et chimiques, des sciences mathématiques et des sciences pour l’ingénieur et de l’environnement. Les demandes soumises doivent démontrer le caractère pluridisciplinaire de la recherche ou de l’action de diffusion des savoirs proposée.